Duo d’artistes indépendantes, nous travaillons ensemble depuis 2015.
Julia Borderie et Éloïse Le Gallo observent l’eau comme un hyper-objet dans sa totalité plurivalente. Matière substantielle dans les corps de tous les organismes vivants, détentrice d’information, de raisons économiques et de frontières politiques, l’eau est considérée comme une collection d’imaginaires sociaux par les artistes. L’eau parle car elle est un champ sémantique : elle est politisée, historicisée et considérée comme un élément qui articule les relations entre les récits.
Ekaterina Scherbakova, commissaire d’exposition.
Nous tissons des liens, d’un lieu à l’autre, dans leur relation étroite à l’eau. À la fois frontière et lien, l’eau influence les corps dans leurs perceptions de ce qui les entoure. Dans quelle mesure cet élément fluide et changeant structure-t-il les paysages, géographiques et intimes ?
Notre processus créatif s’apparente à une dérive (Guy Debord). Sur un territoire donné, sans a priori, nous suivons le courant de rencontres successives fortuites que nous documentons par la vidéo, l’enregistrement des voix de ceux que nous interrogeons et le dessin. Une constellation de récits, d’images et d’imaginaires, se répondent, s’opposent, se complètent... Ces indices récoltés sont les impressions sensibles d’autant de points de vue qui composent un monde multiple et complexe.
Les formes que nous produisons en sont les prolongements : imprévues, elles émergent comme une mémoire sensible des rencontres humaines. Elles convoquent ainsi des mediums divers, adaptés au sens de chaque projet : sérigraphie, gaufrage, céramique, maçonnerie, taille etc. En vis-à-vis, une deuxième dérive, qui s’apparente à une divagation car elle est dissociée du terrain et se met en place à l’atelier, trame les éléments récoltés dans des objets vidéos.