Tectoniques du grec : tek, bois ; tekton, charpentier, bâtisseur, sculpteur Tectoniques est une exposition regroupant un ensemble de travaux. Son cœur est un environnement pensé autour de l’activation de sculptures en céramique.

« Caresser l’étendue du sensible
Y enfoncer son doigt de temps en temps »

Il y a, dans le travail d’Eloïse Le Gallo, un mouvement de va et vient, à l’image de la vidéo de ces feuilles de palmier copulant, légères et voluptueuses, mues par la respiration tropicale qui les unit et les désunit dans un souffle. Promenant sa sonde parmi les êtres et les choses, attentive aux évènements de la matière, elle ausculte le cosmos «du satellite à l’intime, de l’audible au tectonique, du cartographique au sensuel». L’installation Tectoniques était conçue sur-mesure pour un lieu double : celui de deux ateliers identiques et accolés. Dans l’un, des performeurs captaient le son de pièces en céramique immergées, étages d’une tour précaire l’instant d’avant; dans l’autre était diffusé le « chant » des terres cuites aquaphiles. On pouvait y entendre des machines crissantes, le bruissement de la forêt, les gargouillis de l’eau, le chant d’oiseaux exotiques. Dans une petite salle sombre entre les deux espaces, jouait son Histoire intime des choses - Notes, étrange documentaire animalier où l’on observe entre autres des chaussures bondissantes, le ventre d’un iguane et les jupes de colonnes antiques. De frottements en jeux d’amour, les éléments qu’elle active et met entre les mains des autres parlent de transmutation et endossent tous les rôles possibles, brisant les systèmes de mesure et les catégories. Il y a du Fischli and Weiss dans cette complicité avec les objets pris dans la mécanique hasardeuse du «cours des choses», en constante remise en question, aimés, malmenés.
Lorraine Delgado